Un Fort du système de défense Séré de Rivières

Construit en deux années seulement, de 1878 à 1880, le Fort de Mons-en-Barœul fait partie du système de défense élaboré par le général Séré de Rivières suite à la défaite de 1870. Devenu inutile suite à la mise au point de nouveaux explosifs 5 ans seulement après sa réalisation, il sera toutefois le siège d'unités de transmission, dont la plus étonnante sera celle d'une section colombophile avant de servir durant la guerre d'Indochine. Entre temps il aura connu des périodes d'occupation allemande à chacune des deux guerres mondiales, après avoir été déclassé 48 heures avant la déclaration de la première ! Resté intact, car non bétonné comme beaucoup d'autres fortifications, et magnifiquement remis en valeur avec un centre socio-culturel, c'est un exemple unique qui présente un intérêt architectural, historique et patrimonial exceptionnel.

Fortifier le Fort

Le Fort de Mons-en-Barœul est devenu dangereux dans certaines zones et des parties sont devenues difficilement accessibles. En 2021, nous avons décidé d'arrêter les visites.


Un article paru dans le revue municipale Mons & Vous n° 96 (pages 9 à 12)



 



Grands travaux


FORTIFIER LE FORT !



À bientôt 150 ans, le Fort de Mons endure, depuis quelques années, les (mauvais) effets du temps : usures, fissures, risques d'éboulements... Pour que le Fort perdure 150 ans de plus (au moins !), la Ville de Mons-en-Barœul engage des travaux de grande ampleur pour assurer la pérennité du bâtiment et faire en sorte que les nombreuses pratiques culturelles qui y sont dispensées puissent se dérouler en toute sécurité.



Le Fort, écrin de verdure



Le Fort est aussi une zone de biodiversité, un abri naturel de la faune et de la flore locale

 

S'il est un bâtiment emblématique de notre commune et dont nous pouvons nous enorgueillir, s'il est un équipement public largement fréquenté par une grande variété de publics, s'il est un espace de verdure et de promenade apprécié par tous les amateurs de nature et de vieilles pierres, c’est assurément le Fort Mac Donald.


Ce lieu a évidemment une histoire. Il a été construit en 1874 (*) afin de protéger la capitale des Flandres d'une nouvelle invasion venant de l'Est. Il faisait alors partie d'une ceinture de forts de défense disposés de façon stratégique autour de Lille. Leur construction semi-enterrée, leurs murs épais de briques recouverts par des levées de terre devaient les mettre à l’abri des boulets de canons qu'ils pouvaient retourner à l’envoyeur depuis des plate-formes d'artillerie. Ceci explique leur organisation : les fossés, les caponnières qui les flanquent, la présence de nombreux passages sous-traverses, les magasins à poudre...


(*) NDLR = Le Fort MacDonald de Mons-en-Barœul a été construit de 1878 à 1880


Pour ceux qui voudraient en savoir plus, des associations d'histoire locale, et des passionnés partagent bien volontiers leurs connaissances précises des lieux.

 

LE FORT :

LIEU CHARGÉ D'HISTOIRE(S)



Photo " Collection Association Eugénies " : 
Le Fort à l’abandon dans les années 1980
NDLR = La légende est erronée, ce cliché a été pris lors de l'occupation par l'armée allemande durant la première guerre mondiale

Pour les amoureux du Fort, les amateurs d'histoire, voici quelques pistes pour satisfaire votre curiosité :


- Les sites, blog, " Facebook " d’associations locales (Association Historique de Mons, Eugénies) :


    fortdemonsenbaroeul.blogspot.com 

    histo-mons.fr 

    www.facebook.com/fortmons


- En temps normal, ces associations organisent également des visites guidées du Fort et participent au Journées du patrimoine


- Le livre " Le Fort de Mons-en-Barœul " de Xavier Lavallart, ancien professeur d'histoire du collège Descartes (livre disponible à la bibliothèque)


Vingt ans plus tard, à la faveur de Lille 2004, capitale européenne de la culture, le Fort devint " Maison Folie " et d'autres aménagements importants furent réalisés : l'extension de la bibliothèque, la création d'un café- concert " Le Trait d'union ", le pavement de la cour centrale et, s'inspirant des théâtres ouverts antiques, l'une des cours arrière fut transformée en " Jardin de Thalie ".


Le Fort a aujourd'hui presque 150 ans et hélas, le temps n’a pas glissé sur lui sans y laisser de traces. Afin qu'il puisse durer encore et surtout que l'on puisse continuer à y pratiquer en toute sécurité les nombreuses activités qu'il accueille - peut-être même en développer d'autres - il faut à la fois en préserver la structure, en sécuriser les usages publics et sans doute aussi en protéger l'accès. Pour répondre à ces objectifs, la Ville a lancé un marché de maîtrise d’œuvre hors du commun par sa complexité technique, ses multiples facettes, son poids financier (plusieurs millions d'euros).


PRÉSERVER SA STRUCTURE


Les zones du Fort, non réhabilitées à ce jour, se dégradent lentement... les mortiers s'effritent ; des fissures apparaissent ; des briques se déchaussent. Il s'agira, ici et là, de condamner certains ouvrages, de réaliser des contreforts, de remblayer, de traiter les fissures par sutures et comblements au moyen de matériaux adaptés, d'effectuer certaines reprises de maçonnerie sans trahir son identité. 


Dans sa conception d'origine, les terres recouvrant les toitures devaient rester rases. Les arbres qui y ont poussé, apportent aujourd'hui des surcharges imprévues non négligeables. Surtout leur développement racinaire dégrade le drainage et I étanchéité qu'assuraient les couches argileuses qui composent ces talus. Ainsi, malgré de multiples injections de résine, la bibliothèque, le restaurant, la grande galerie de l'entrée pâtissent d'infiltrations récurrentes.


Toutes les expertises réalisées démontrent qu’il est aujourd'hui vital pour la sauvegarde du Fort de procéder à l'abattage des arbres situés en partie haute. Cette opération devra être menée avec beaucoup de précaution de façon à ne pas provoquer de déstabilisation supplémentaire. Le calendrier d'intervention sera défini de façon à ne pas trop déranger la faune qui, depuis, a investi ces lieux. Le Fort devrait ainsi retrouver sa physionomie d'origine telle qu'on peut la retrouver chez l'un de ses frères jumeaux : le Fort de Seclin. Il se pourrait même qu'on confie, comme autrefois, le pâturage de ces nouveaux " herbages " à des moutons.



Fissures et infiltrations, ici dans la cour Suzanne Jannin, au sud du Fort.



Rechaussement de briques dans les espaces non réhabilités en 1984.



Une des cheminées de ventilation en mauvais état et mal protégée.

 

SÉCURISER LES USAGES


L’animation actuelle du Fort est bien loin de la vie de garnison, du confort Spartiate des hommes de troupes et de la pratique d'exercices militaires pour lesquelles il a été conçu. Cela a posé et pose toujours la question de l'adaptation voire de la reconfiguration des espaces intérieurs et extérieurs à un usage grand public et de la mise en conformité vis-à-vis des règles d'accueil de ces publics.


Nombre d'installations datent encore des travaux de 1984, il est désormais temps de les remettre à jour. Cela permettra aussi d'améliorer le confort et la fiabilité d'usage des différents espaces utilisés voire éventuellement, forts de l'expérience acquise, d'en revisiter ou d'en développer de nouveaux dans de bonnes conditions !


Par ailleurs, si on n'y prend garde, certains secteurs demeurés sauvages et qui le resteront, peuvent présenter quelques dangers : les abords des fossés, les plates-formes bordant la cour centrale... Si nécessaire, les mesures de prévention pourront être renforcées.


PROTÉGER L'ACCÈS


Compte tenu des espaces qui restent à reconquérir (les cours arrière notamment), les potentialités de développement d'activités orientées "nature" existent sur le Fort mais, à la condition, qu'elles puissent s'y installer dans une certaine " tranquillité ".


Or, aujourd'hui, à certaines heures, hors des secteurs protégés, clos, certains se livrent dans le Fort à des activités qui n'ont plus rien à voir avec les innocentes parties de cache-cache ou du jeu " des gendarmes et des voleurs " des gamins des années 70.


Il faut donc que l’on puisse contrôler les accès au Fort et en interdire l'accès la nuit. Le Fort ne sera plus accessible que par l'entrée principale telle qu'elle est aujourd'hui et une passerelle rétractable au nord (en lieu et place de celle démolie il y a 2 ans). Ainsi, à la nuit tombée le Fort deviendra une " île " !


La démolition de la passerelle piéton côté chaufferie permettra en outre de restaurer l'intégrité de ce fossé aujourd'hui barré par ce tube entôlé qui permet le passage sous la passerelle.

 

FORTIFIER LE FORT


Évidemment, tout un chacun regrettera cette voûte dentelée de vert qui tamisait le soleil d'été au-dessus de la cour centrale... mais il faut s’y résoudre, le Fort en sortira plus fort... et il nous montrera un autre visage auquel nous nous familiariserons vite.


Confortée, sa personnalité pourra évoluer, s'enrichir ; peut-être présentera-t-il même une plus large gamme de verts qu'auparavant... comme c'est déjà le cas avec le circuit de ronde des fossés désormais redevenu vert !

 


La passerelle sud, côté chaufferie est appelée à disparaître

 

LE FORT EN QUELQUES DATES


1878-1880 : Construction par 600 ouvriers belges

1914-1918 : Sous occupation allemande, devint une prison

1918-1940 : Héberge une unité colombophile (**)

1940-1944 : Occupation par les Allemands

1944-1972 : Utilisation pour du stockage de matériel militaire

1972 : Cédé par l’armée à la Ville 

1984 : Devient centre socio-culturel

2004 : Devient Maison-Folie avec de nouveaux équipements

2022 : Retrouve après travaux une certaine jeunesse


(**) NDLR = L'unité colombophile n'a été présente au Fort de Mons-en-Barœul qu'après la deuxième guerre mondiale



Photo " Collection Association Eugénies " : 

Article paru dans La Voix du Nord en 1984 pour l’inauguration du Fort en centre socio­ culturel. Illustrateur : Roland Cuvelier.



Voir un autre article publié en 2009