Un Fort du système de défense Séré de Rivières

Construit en deux années seulement, de 1878 à 1880, le Fort de Mons-en-Barœul fait partie du système de défense élaboré par le général Séré de Rivières suite à la défaite de 1870. Devenu inutile suite à la mise au point de nouveaux explosifs 5 ans seulement après sa réalisation, il sera toutefois le siège d'unités de transmission, dont la plus étonnante sera celle d'une section colombophile avant de servir durant la guerre d'Indochine. Entre temps il aura connu des périodes d'occupation allemande à chacune des deux guerres mondiales, après avoir été déclassé 48 heures avant la déclaration de la première ! Resté intact, car non bétonné comme beaucoup d'autres fortifications, et magnifiquement remis en valeur avec un centre socio-culturel, c'est un exemple unique qui présente un intérêt architectural, historique et patrimonial exceptionnel.

Forts modifiés

Sur certaines vues aériennes du Fort de Mons-en-Barœul, on découvre des parcelles rectangulaires ceinturant et occupant tout le glacis du Fort délimité par l’ancien chemin de ronde, aujourd’hui en partie dénommé allée du Train de Loos et rue du Béarn.


Il s'agit de jardins ouvriers créés à la sortie de la guerre 39-45 pour aider au redémarrage de la population qui ne disposait pas d’un potager.

 

A cette époque, de nombreux sites militaires sont inoccupés et obsolètes dans leurs fonctions. L’entretien coûte cher à l’Armée. Les terrains en question ne pouvaient être vendus, car l’Armée ne pouvait s'en séparer bien que devenues inutiles. Très souvent, celle-ci décidera donc de louer les terrains extérieurs aux installations afin de les rentabiliser. 

 

Ici à Mons-en-Barœul, ces parcelles apparaissent sur les photos aériennes de 1946, et tout en évoluant dans leurs dispositions et leurs tailles, elles subsisteront pour les dernières jusqu’à la fin des années 60. 

 

On connaît le même principe pour les Ouvrages Intermédiaires autour de Lille, tel celui de Babylone, comme le montre les photos d’archives aériennes de la même époque. 


Parfois ces terrains disponibles étaient partagés et servaient aussi de déversoir et de stockage aux ordures ménagères, comme ce fut le cas pour l’Ouvrage Intermédiaire des Marchenelles. Il n’y avait ni Esterra ni d’usines d’incinération à l’époque. Dans le meilleur des cas, ils pouvaient être loués incultes à des sociétés de chasse, comme par exemple le Fort de Sainghin.

 

D'autres surfaces dégagées de ces structures militaires connaîtront différents sorts, allant du terrain de golf, au parc de loisir ou à une Communauté d’Emmaus. 


Quant aux forts eux-mêmes différentes solutions seront trouvées pour leur réemploi. A Mons-en-Barœul ce sera le choix d'un centre socio-culturel avec un espace scénique et un restaurant, à Bondues celui d'un musée de la Résistance, à Seclin dans le cadre d'une structure privée, un espace aux orientations multiples allant de salles d'expositions, à des lieux de tournages et même d'une bergerie.


Ayant eu l'opportunité de visiter de nombreux forts Séré de Rivières et de rencontrer leurs responsables, nous sommes heureux d'avoir pu découvrir de multiples exemples d'utilisation détournée pacifiquement. Des transformations qui permettent de faire vivre cette partie de notre patrimoine tout en conservant son aspect historique, trop souvent méconnu.


© Article rédigé par Jacques Desbarbieux en partie d'après des notes et des recherches de Guy Selosse.