Un Fort du système de défense Séré de Rivières

Construit en deux années seulement, de 1878 à 1880, le Fort de Mons-en-Barœul fait partie du système de défense élaboré par le général Séré de Rivières suite à la défaite de 1870. Devenu inutile suite à la mise au point de nouveaux explosifs 5 ans seulement après sa réalisation, il sera toutefois le siège d'unités de transmission, dont la plus étonnante sera celle d'une section colombophile avant de servir durant la guerre d'Indochine. Entre temps il aura connu des périodes d'occupation allemande à chacune des deux guerres mondiales, après avoir été déclassé 48 heures avant la déclaration de la première ! Resté intact, car non bétonné comme beaucoup d'autres fortifications, et magnifiquement remis en valeur avec un centre socio-culturel, c'est un exemple unique qui présente un intérêt architectural, historique et patrimonial exceptionnel.

La végétation du Fort de Mons-en-Barœul

Avant-Après


Cet " Avant-Après, du à Alain Cadet, est paru dans la Voix du Nord le mardi 12 avril 2021, il résume bien la problématique. Le front du Fort apparaît certes bien dégarni après cette coupe, mais la survie de ce bâtiment en dépendait. Il fallait préserver un rare témoignage de l'architecture militaire de Séré de Rivières resté en l'état d'origine, non bétonné.

Le vénérable fort Macdonald est passé chez le coiffeur ! Il a ainsi retrouvé son aspect originel. Explications.


Le vieux fort, construit entre 1878 et 1880, a nécessité l’emploi de plusieurs millions de briques. En 1886, on va l’appeler Macdonald, du nom d’un maréchal d’empire écossais de Napoléon 1er. On accède au bâtiment en franchissant un pont qui, autrefois, a été mobile pour bénéficier pleinement de la protection constituée par les fossés. Au-dessus de la construction a été disposée une épaisse couche de terre, une protection contre l’artillerie ennemie. La pelouse qui s’y est développée permettait à cette couche d’être préservée des effets de l’érosion : une aubaine pour les moutons du voisinage qui, mieux qu’une tondeuse, assuraient l’entretien du terrain.


Les moutons et les fermes ont disparu


Mais les moutons et les fermes ont disparu du paysage. À partir des années 1960, de petits arbres, dont les graines ont été amenées par le vent et les oiseaux, ont commencé à se développer. En quarante ans, ils sont devenus très grands, constituant une forêt sur le sommet de la construction militaire. On disait que le fort Macdonald, dans son écrin de verdure, était un morceau de nature en ville.


Seulement, " au fur et à mesure que ces arbres se développaient, comme une image négative dans le sous-sol, les racines s’allongeaient jusqu’à atteindre le sommet des voûtes du bâtiment "


Les briques étaient disjointes, provoquant des fuites et des points de fragilité, mettant en péril la pérennité de l’édifice. On a pu constater, ici et là, de grandes fissures. La mairie, propriétaire du bâtiment, n’avait plus d’autre issue que celle d’un traitement radical. C’est ainsi que durant la première quinzaine du mois de mars, on a procédé à l’abattage d’une bonne soixantaine de spécimens.


Cette première opération sera suivie d’autres jusqu’à ce que le bâtiment, dans toutes ses composantes, soit en totale sécurité. Évidemment, on pourra regretter le côté bucolique de l’ancien bâtiment orné de sa forêt éphémère. Il faisait un très bel effet et la végétation protégeait les cours du soleil. Mais c’est un mal pour un bien ! Le paradoxe, c’est que le sommet à nu de ce fort ressemble désormais au fort des origines, celui des années 1880. A.C. (CLP)


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La parution de cet autre article dans la Voix du Nord du jeudi 4 mars 2021, nous oblige à quelques commentaires explicatifs et la correction de certaines inexactitudes.

Construit entre 1878 et 1880, le Fort, qui n'a donc pas encore 150 ans, subit mal certaines contraintes. Les arbres sont apparus bien plus tard sur les parties hautes. A l'époque de la construction nul besoin de se camoufler car nul survol des installations par des aéroplanes. C'est donc uniquement de l'herbe et quelques arbustes qui recouvraient les fortifications, ce qui avait déjà fait la joie de quelques moutons à l'époque du Commandant Cordier.


Des moutons paissaient au Fort de Mons-en-Barœul, bien avant la vague écologique.
© Archives municipales et film association Eugénies

Il n'y a jamais eu de douves comme nous ne cessons de l'expliquer, mais sans doute un canard ne peut  imaginer le contraire !! Ce sont des fossés qui entourent le Fort de Mons, comme pour la quasi totalité des fortifications Séré de Rivières, à deux exceptions près dans la région de Dunkerque. Il n'y a donc pas d'eau comme pour les douves d'un château fort.


Cette vue prise par un militaire allemand, lors de la première guerre mondiale, montre le fossé sud-ouest du fort Macdonald de Mons-en-Barœul. La photo a été prise depuis la contrescarpe au niveau du saillant 4. Les deux lignées d'arbres n'existent plus, à l'inverse le sommet du fort est dégagé de toute végétation. © Cliché Eugénies

Voir le Fort de Mons il y a 100 ans 

(articles à l'occasion du centenaire de la guerre 14-18)

L'illustration utilisée dans l'article de la Voix du Nord pour montrer l'absence de végétation au sommet est celle d'un autre Fort, en l'occurence celui du Vert Galant à Wambrechies, comme l'indique la mention manuscrite sur le cliché.





Sur ces clichés plus que centenaire retrouvés à Dresde en Allemagne, on remarque l'absence d'arbres sur le sommet du fort. Pourtant nous sommes pendant la première guerre mondiale, le fort est occupée par l'armée allemande qui n'a nul besoin de se camoufler d'une aviation inexistante. La suppression des arbres pour des raisons de sauvegarde ne fera que renouer avec nos racines ! © Association Eugénies



Un article rectificatif est paru dans la Voix du Nord

Le fort de Mons-en-Barœul bientôt dénudé de ses arbres : l’abattage débute


Un article de Gaëlle Sheehan, publié le 9 mars 2021 dans La Voix du Nord.



L'article reprend un cliché retrouvé par l'association Eugénies sans en citer malheureusement la source


Les travaux sur le toit du fort ont commencé cette semaine : les arbres, qui endommagent la structure de l’édifice, sont en train d’être abattus.


Ça y est, les arbres qui restaient sur le toit du fort Macdonald sont en train d’être abattus. Cette initiative de la mairie de Mons-en-Barœul répond aux dangers que provoquent les racines de ces arbres : plusieurs passages sont bloqués, nous indique un lecteur, et des fissures seraient apparentes dans plusieurs salles.

 

La priorité dans le projet est la sécurisation du fort. La transformation en lieux de cultures, avec potentiellement un écopatûrage sur le toit ou encore le développement d’activités de permaculture, aura lieu plus tard, après une première phase d’étude et pour un budget prévisionnel de 3 millions d’euros. Ceci avait été évoqué dans un précédent article, publié la semaine dernière avec une photo historique, erronée, du fort.



Dans la version numérique de La Voix du Nord on retrouve en entier le document utilisé pour illustrer l'article. Comme on peut le constater c'est le cliché d'une photographie retrouvée par l'association Eugénies. Reproduite en grand format elle est visible comme les autres clichés de la même série dans le tunnel d'accès du Fort de Mons-en-Barœul.


Le nom du (mauvais) fort était, en plus, inscrit sur la photo, nous indique ce même lecteur… Dans l’entrée du fort Macdonald, la photo ci-dessus le montre nu de tous arbres il y a plus de 100 ans. Peut-être ressemblera-t-il à cela une fois le chantier fini.




Un phénomène connu qui s'est amplifié

Outre les dégâts provoqués par les racines des arbres sur les hauteurs du Fort de Mons-en-Barœul, ce qui a entraîné des infiltrations au niveau des toitures, il existe aussi des mouvements de terrain de la couche argileuse responsables de fissurations.

Des témoins de fissurations

Six années après l'achèvement du fort de Mons-en-Barœul, le 16 janvier 1886, en plusieurs endroits ont été posés des témoins de fissuration. 



On en trouve notamment dans les couloirs nord et sud, et même dans les toilettes bien recouverts de peinture ! C'est une cinquantaine de ces témoins qui sont visibles en divers endroits. Il semble d'ailleurs qu'aucun repérage n'ait jamais été comptabilisé précisément, c'est que depuis il n'y avait pas lieu de s'inquiéter.


Clichés du 1er juillet 2009

Mais depuis quelques temps, les mouvements de terrain ont fait apparaître de nouvelles fissures surtout dans la cour sud. Dans cette zone ont eu lieu en 2009 des travaux pour l'enfouissement de la canalisation de gaz en direction de la chaufferie, est-ce une explication ? 

A signaler que la batterie de flanquement située du côté gauche du Fort en entrant a subi un affaissement plus important, sans aucun rapport avec des tirs. Un mur de soutènement a été posé en 1984 en travers.

Sauver nos racines !

3 articles dans l'édition numérique de la Voix du Nord du mercredi 17 mars

Faire face aux infiltrations d’eau : l’exemple du fort de Seclin

La Voix du Nord | Publié le 17/03/2021

     

Le fort de Seclin « ressemble à celui de Mons-en-Barœul », constate Xavier Lavallart, professeur d’histoire retraité et membre de l’Association historique de Mons-en-Barœul. À une différence près : il y a nettement moins d’arbres. Lorsque la famille Boniface est arrivée au fort de Seclin il y a une trentaine d’années, la plupart des arbres étaient des frênes malades. « Les racines pourrissent et l’arbre finit par tomber », explique Sophie Boniface. De premiers arbres ont été abattus à ce moment-là, puisqu’ils menaçaient des zones fréquentées.

 

Pour faire face aux infiltrations d’eau, normales pour un fort de cet âge, détaille Sophie Boniface, une toiture a été rajoutée sur le fort : une tôle en acier recouverte d’un habillage vert à certains endroits, et à d’autres « un système de tuiles » légèrement surélevées, pour imperméabiliser le tout. « En quelques semaines, le problème d’infiltration d’eau était réglé ». Les souches et racines restantes peuvent pourrir sans risquer de causer de nouvelles inondations.

 

 « Il y a un enjeu écologique, ajoute-t-elle. Ce qui est enlevé, on le remet ailleurs, on replante dans les plaines ». Les arbres permettent un ombrage nécessaire, notamment en période de canicule, et un écosystème favorable à la faune.

 

Abattre les arbres, et ensuite ?

La Voix du Nord | Publié le 17/03/2021

     

Contrairement au fort de Seclin, les souches des arbres abattus seront laissées à l’air libre. « On ne sait pas si elles vont causer de nouvelles infiltrations d’eau, explique Christophe Lambin, directeur des services techniques à la mairie de Mons-en-Barœul. On va analyser et observer le bâtiment pendant un an ». Parce qu’il faut le savoir, « couper l’arbre ne tue pas la souche ». Des drageons peuvent pousser de ces souches et créer un nouvel arbre si rien n’est fait, permettant aux racines de continuer à pousser. Ce qui n’est pas dans l’intérêt du fort.

 

« On ne peut pas retirer complètement les souches, détaille-t-il, ça serait trop compliqué. Mais si l’une d’entre elles est problématique, on peut la tuer de manière innovante et naturelle avec la méthode Gamar ». On retirerait l’écorce de la souche, qui serait ensuite entourée d’un mastic étanche puis abreuvée d’une solution pour définitivement tuer la souche.

 

Aucune autre plante ne serait a priori plantée, pour « être au plus près de ce qu’était le fort au moment de sa construction », indique Christophe Lambin. En ce qui concerne la présence de moutons d’ici quelques années, cette idée fera suite au projet de passerelle amovible, qui permettrait d’ouvrir et fermer le fort – et empêcher les animaux de s’enfuir.

 

L’installation des étais au niveau des voûtes des couloirs menant aux cours Sud et Nord sera modifiée pour permettre la circulation du public, « on l’espère cette année » avance Christophe Lambin. La prudence est de mise avec un bâtiment de cet âge, « on n’est jamais à l’abri d’une surprise ».

 

L’abattage des arbres devrait être terminé la semaine prochaine. Les rondins « seront évacués par des chevaux pour limiter l’impact écologique sur le site », précise Christophe Lambin.

 

Les dégradations dues aux arbres sur le toit du fort de Mons-en-Barœul ne datent pas d’hier

 

Puisque les arbres sur le toit du fort Macdonald sont en train d’être coupés, c’est le moment de retourner dans le passé pour voir comment ils ont pu pousser et ce qui a déjà été fait contre les dégradations qu’ils ont causées.

Gaëlle Sheehan | Publié le 17/03/2021

 

Les arbres du fort de Mons-en-Barœul font partie intégrante de son identité. Avant luxuriant, le toit du fort Macdonald voit ses derniers arbres coupés. Ses robiniers faux acacias ont de grandes racines perforantes qui fragilisent la structure du bâtiment : les cours nord et sud ont été fermées au public. Les voûtes des couloirs qui y mènent ont été renforcées par des étais métalliques. Des grandes fissures parcourent certains murs.

 

L’abattage des arbres présents sur le toit du fort Macdonald a débuté la semaine dernière: les racines fragilisent la structure du bâtiment, les cours nord et sud sont fermées au public. 

 

Un fort rapidement obsolète

La présence de ces arbres n’est pas anodine : durant l’époque de Vauban jusqu’à la fin du XIXe siècle, de la terre était placée entre les murs d’abord, puis sur les toits des forts, pour arrêter la course des obus en cas d’attaque. « Le fort Macdonald a été bâti entre 1878 et 1880, explique Xavier Lavallart, membre de l’Association historique de la ville et professeur d’histoire à la retraite. Mais il a été rendu obsolète dès 1885 ». Des obus explosifs plus puissants ont été créés et adoptés à ce moment-là : avoir jusqu’à 6 mètres de terre au-dessus des forts ne permettait plus de faire face aux attaques. Un espace laissé libre où des arbres ont pu pousser.

 

Les images du fort datant de la Première guerre mondiale ont été prises par les soldats allemands qui occupaient les lieux : aucun arbre n’était présent. Aucune autre photographie n’a été récupérée après 1918, il est donc difficile de connaître l’évolution de la flore. « On sait que des arbres ont été plantés après 1945, affirme Xavier Lavallart. Ils ne sont pas tous venus grâce aux oiseaux ». Des images de moutons broutant l’herbe du toit avant 1965 auraient également été retrouvées : « ils assuraient l’entretien du toit », confirme Christophe Lambin, directeur des services techniques de la mairie, en charge du chantier du fort. Le projet d’écopatûrage en réflexion à la mairie n’est donc pas sorti de nulle part, et c’est une idée déjà mise en place dans d’autres lieux, comme la Citadelle de Lille.

 

C’est à partir de 1984, quand le fort a été réhabilité pour devenir un lieu culturel, que des premiers arbres et racines ont été enlevés. Mais les problèmes d’infiltration d’eau ont persisté. En 2004, lorsque Lille était capitale européenne de la culture, des injections de résine ont été réalisées pour imperméabiliser le toit tout en préservant le végétal. Une opération réitérée il y a quelques années. Mais la décision de couper définitivement les arbres sur le toit a finalement été prise pour éviter tout risque, à long terme, d’effondrement.


Ces textes ont été publiés le samedi 20 mars 2021 dans la version imprimée, édition de Villeneuve d'Ascq - Seclin - Mons-en-Barœul.