Un Fort du système de défense Séré de Rivières

Construit en deux années seulement, de 1878 à 1880, le Fort de Mons-en-Barœul fait partie du système de défense élaboré par le général Séré de Rivières suite à la défaite de 1870. Devenu inutile suite à la mise au point de nouveaux explosifs 5 ans seulement après sa réalisation, il sera toutefois le siège d'unités de transmission, dont la plus étonnante sera celle d'une section colombophile avant de servir durant la guerre d'Indochine. Entre temps il aura connu des périodes d'occupation allemande à chacune des deux guerres mondiales, après avoir été déclassé 48 heures avant la déclaration de la première ! Resté intact, car non bétonné comme beaucoup d'autres fortifications, et magnifiquement remis en valeur avec un centre socio-culturel, c'est un exemple unique qui présente un intérêt architectural, historique et patrimonial exceptionnel.

Bornes


Les Bornes de propriété et de servitudes

Le Fort de Mons-en-Barœul, comme les autres forts, était entouré d'une triple zone de servitude qu'il faut différencier de la limite de propriété.





Les bornes octogonales de propriété du terrain militaire


Le terrain militaire et sa route d'accès sont délimités par des bornes en pierre octogonales, numérotées et surmontées d'un tracé angulaireDans le procès verbal de bornage de 1885, ces bornes sont au nombre de 38. 



Le tracé, délimité par 38 bornes, qui englobe le chemin d'accès, le fort et ses deux batteries annexes.
Le chemin d'accès s'arrête à la première limite de servitudes.


Le chemin d'accès prolongé, au delà du deuxième périmètre de servitudes

Leur nombre passera ultérieurement à 50 par suite de l'annexion au domaine militaire de deux petits reliquats de parcelles expropriées et laissés pour compte, et du prolongement de la voie d'accès militaire jusqu'à la maison du gardien de batterie située à quelques 550 mètres du Fort. Onze de ces bornes subsistent à ce jour.



On découvre les bornes supplémentaires sur le plan ci-dessus identifiées par les lettres de A à L. 

Les bornes carrées de servitudes

Les trois limites de servitudes ont fait l'objet d'un plan officiel sur lequel nous relevons les distances réglementaires de 250 mètres (bornes 1 à 10 sur le tracé en rouge), 487 mètres (bornes 11 à 20 sur le tracé en bleu) et 974 mètres (bornes 21 à 30 sur le tracé en vert). 



Nous n'avons retrouvé quant à présent, aucune description des bornes qui délimitaient ces trois zones de servitudes. Ces bornes de servitudes étaient en pierre et de forme carrée selon le modèle habituellement rencontré. En effet, un autre fort de la Place de Lille, (qui en comptait six et deux batteries), le Fort de Seclin contemporain et presque identique à celui de Mons, possède encore aujourd'hui sur sa voie d'accès, les deux modèles de bornes. Selon toute vraisemblance, on peut penser que celles de Mons-en-Barœul à quelques kilomètres de là, étaient du même type conventionnel, en pierre et carrées (même Chefferie du Génie, même prescriptions).



Bornes carrées et octogonales au Fort de Seclin


Le village de Mons-en-Barœul s'est rapidement urbanisé dès le début du XXe siècle, et les deux dernières zones de servitudes à la gorge du Fort (ouest), avec la création d'un polygone exceptionnel en 1903,  se sont vues absorbées peu à peu dans un dense tissu urbain et l'édification de la ville nouvelle dans les années 70. Pour la partie campagne située vers le front du Fort, ce sont les aménagements plus récents à partir de 1980 (voies rapides et autoroute, zones industrielles, lotissements) qui ont eu raison des dernières. Faute de s'y être intéressé à temps, les bornes ont disparu et ce serait un miracle d'en retrouver une de nos jours.

On voit bien le tracé angulaire qui figure au sommet de chaque borne et qui réalisait la ligne virtuelle reliant chaque borne octogonale. Ces bornes il en existe plusieurs disséminées autour de cet ouvrage militaire ... un jeu de piste pour celui qui pourra toutes les retrouver ! 


Borne retournée


Quelques bornes ont connu des mésaventures comme celle-ci qui s'est retrouvée retournée pour une raison inconnue. Ce qui permet de dévoiler la partie normalement enfouie. 








Borne n° 35

En juillet 2007, lors de travaux effectués autour de la chaufferie, qui est le seul bâtiment inscrit aux monuments historiques (!), une borne octogonale, celle qui porte le numéro 35 et qui avait résisté depuis 130 ans a été enlevée et sa base cassée. Cette borne avait été protégée grâce aux ronces et aux orties jusqu'en 2004 date du début des travaux de la Maison Folie. Elle n'a pas résisté à la réalisation d'un accès qui aurait pu être déplacé de quelques centimètres !! Dommage.





La borne n° 35 repositionnée suite à notre intervention


La borne n° 35 faisait un angle de 92° par rapport aux bornes 34 et 36. Elle était distante de 180,20 m de la borne 36 et de 145,90 m de la borne 34.


Borne n° 34

Une autre borne, la n° 34, qui était dans la plaine du Fort a été aussi victime de dégradation, tagée elle a été nettoyée.





La borne n° 34  a été à nouveau déplacée suite à la création de le seconde chaufferie au bois.


Vue supérieure de la borne n° 34


Borne n° ??




Borne n° 18


Lors de la visite d'un dimanche 6 janvier, par un beau soleil, comme souvent chaque premier dimanche du mois (qu'on se le dise !) nous avons pu montrer une nouvelle découverte, celle de la borne n°18 qui est maintenant bien dégagée suite aux travaux dans la plaine du Fort.






La borne n° 18 vue de dessus avec son angle de 157°10


Les lignes qui rejoignent les bornes n° 17 et 18 d'un côté et les bornes n° 17 et 16 de l'autre font un tracé angulaire de 137°15 comme indiqué sur le plan ci-dessus et comme on le retrouve sur l'angle gravé au sommet de la borne n° 17.


Bornes n° 15 et 16


Cette borne a été photographiée avant les travaux qui ont également fait disparaître la batterie annexe nord. D'après le plan il devrait s'agir de la borne n° 16.


La borne n° 15 en partie cassée qui a été maculée de peinture bleue au moment des travaux. Située à proximité de la précédente, elle a survécu si l'on peut dire ! Nous l'avions qualifiée de borne Schtroumpf ...



Borne n° 1


Merci à Gérard Logez qui a permis le sauvetage de la borne octogonale qui porte le numéro 1, qui au mois de juin 2013, prenait directement le chemin de la décharge !


Déplacée à proximité du pont basculant, elle a rejoint un bac de lavage pour lequel nous avions épargné le même sort, et qui est maintenant transformé en bac à fleurs. On se souvient aussi de la même mésaventure survenue pour la borne n° 35 en juillet 2007 et que nous avions pu sauver également d'une disparition certaine à tout jamais.
On pourrait se dire que bizarrement le cycle est bouclé puisque ce sont les deux bornes qui portent les numérotations extrêmes qui ont été sauvegardées.
Comment expliquer cette difficulté à préserver ces rares morceaux de patrimoine à Mons-en-Barœul ?


Une borne bien camouflée parmi les fleurs ... une sage précaution !

D'anciens plans montrent que la borne n° 1 devait se situer dans une zone construite lors de l'édification de la Zup, elle avait donc déjà été déplacée avant cette nouvelle ballade.

Quoiqu'il en soit sa nouvelle position, qui espérons le sera définitive, aura son utilité lors des visites du Fort. Néanmoins l'angle qui figure à son sommet ne correspond plus à la signification d'origine, et il faudra un peu d'imagination pour lui redonner vie.


L'angle visible au sommet de la borne n° 1

Nous nous étions longtemps inquiété sur ce site du sort réservé à 4 bornes qui étaient endormies au fond cimetière de Mons-en-Barœul. Elles sont maintenant le long de l'allée du train de Loos.


Borne  n° 10


Le 15 mars 2016, lors d'une visite avec Olivier le Tinnier, le webmaster du site internet www.memoire-et-fortifications.fr, rédacteur de la revue "Grande Guerre Magazine" de l'Association Nationale 1914-1918 et de la page "Passion Fortification" sur Facebook, nous avons pu constater qu'elles avaient retrouvées une position verticale, disposées le long du côté est de l'allée du Train de Loos. Pour trois d'entre elle les numéros sont visibles, ce sont sont les bornes 10, 14 et 16. La place initiale de ces bornes étaient le long de l'aqueduc.





A son sommet l'angle de la borne n° 10 fait 75°40

Borne cassée






La borne cassée vue de dessus

La borne n° 16







La borne n° 16 vue de dessus avec son angle de 89°30

La borne n° 14





La borne n° 14 vue de dessus avec un angle de 85°50

Dans un registre, conservé aux archives municipales de Mons-en-Barœul intitulé " Préexistences Fort de Mons-en-Barœul ", on retrouve la liste des constructions préexistantes à la construction du Fort. 


Des bornes militaires à Lille


Plusieurs bornes octogonales en pierre, repeintes en blanc, sont visibles à l'entrée de la Citadelle Vauban de Lille.  Ces bornes de délimitation du terrain militaire, comme nous les connaissons par ailleurs, appartenaient à la dernière enceinte fortifiée du XVIIe siècle (1610-1858) détruite par l’agrandissement de 1858.





Deux autres bornes octogonales dites de servitude militaire sont visibles à l'entrée sud du Palais Rameau à Lille, sur celle de gauche on distingue nettement le numéro 256. Sur celle de droite, malgré l'éclat on remarque l'angle tracé dans la pierre qui reliait les bornes entre elles. 

Le boulevard de la Liberté a été percé quasiment sur le tracé de l’ancien rempart lors de l’agrandissement de 1858, au-dela de ce rempart il y avait le glacis constituant la première zone de servitude sur 250 mètres.