O jornal das Comunidades lusófonas de França, editado por
CCIFP Editions, da Câmara de Comércio e Indústria Franco Portuguesa
História.
No Forte de Mons estiveram presos alguns dos soldados do
Corpo Expedicionário Português depois da Batalha de La Lys
Centenaire de la première Guerre
A la rencontre des prisonniers Portugais du Fort de Mons
Un article d'António Marrucho paru dans l'hebdomadaire Franco-Portugais Edition no 314 | Série II, du 14 juin 2017
« Nous marchions lentement au moment où nous avons aperçu
un petit mont de terre. On voyait ici et là des cheminées qui sortaient du
sol. C’était le Fort de Mons. On s’approchait. Une énorme grille en fer
fermait le Fort, alors qu’une sentinelle armée, allait de gauche à droite...
Nous sommes passés par une petite cour et puis nous sommes rentrés
par une porte qui conduisait aux prisons. Après avoir monté un escalier en
pierre, nous avons longé un couloir large et aéré́... nous avons pris un autre
qui tournait à gauche plus étroit et vouté. Dans ce couloir les portes des
prisons s’ouvraient séparées par des grilles en fer... La cinquième nous a
été indiquée comme notre lieu de captivité.
Dans une superficie de 113 mètres carrés on a entassé 330
prisonniers... ce lieu ne possédait qu’une seule fenêtre pour renouveler
l’air. La superficie était tellement exiguë que tous ne pouvaient se
coucher...
L’air est vite devenu insupportable ainsi que la chaleur.
On nous a privés d’eau pendant trois jours et le repas
était plus que léger : un quart de pain et un bol de soupe, nous était servi
dans la cour, moment où l’on respirait un peu d’air frais... on mourait
lentement dans le Fort de Mons. Nous sommes restés là 10 jours... »
Qu’il est émouvant de lire un tel récit ! Qu’il est
émouvant cent ans après, de refaire presque le même parcours.
Le récit c’est celui d’un poilu portugais, António da
Fonseca Costa, rédigé le 8 novembre 1918, à Pamel, en Belgique. Comme des
milliers d’autres militaires, António Fonseca, a été fait prisonnier lors de
la Bataille de La Lys, le 9 avril 1918.
Tous les prisonniers n’ont pas suivi le même parcourt et
n’ont pas été envoyés dans les mêmes camps. Une grande majorité passera
par la citadelle de Lille. Ils y sont arrivés le 16 avril. De là ils ont
marché à pied jusqu’au Fort de Mons-en-Barœul dans la banlieue lilloise.
Le Fort de Mons a été construit entre 1878 et 1880.
Raymond Adolphe Séré de Rivières qui a dirigé la Direction du Génie a fait
édifier aux abords de Lille, sept forts, dits « d'arrêt », dont celui de
Mons-en-Barœul, un fort très bien conservé.
Raymond Adolphe Séré de Rivières a fait construire pas
moins de 500 ouvrages d’art et 116 Forts, tous redoutables et de difficiles
d’accès.
Dès les premiers temps de la première Guerre Mondiale, les
Allemands ont occupé le Fort de Mons. Par là sont passés des prisonniers de
différentes nationalités. António da Fonseca écrit : « Une demoiselle a
réussi à s’approcher et m’a demandé si on nous conduisait au Fort. J’ai
tremblé d’horreur et un nuage noir a traversé mon cœur comme si on m’avait lu
la dernière sentence avant la guillotine... ».
Un autre prisonnier, Carlos Nunes Bravo, qui est passé par
le Fort de Mons, aussi connu du nom du Général de l’Empire, Fort Macdonald,
nous a laissé ce témoignage :
« C’est dans ce fort Macdonald que ces sauvages
allemands me firent les pires cruautés... J’ai failli mourir de soif. Le 25
mai, nous sommes arrivés dans une autre ville appelée Loos, en fin de
soirée... D’avril à octobre, avec mon groupe nous sommes restés à Lille ou
ses environs, aux travaux forcés pour les allemands ».
Qu’elle fut la plus grande souffrance ? Celle d’être dans
la tranché, là ou la faim et la soif se font moins sentir ou d’être
prisonnier aux mains des allemands ? Les guerres sont terribles, il y a
toutefois une certaine organisation et programmation. Pendant la première
Guerre, tant qu’il n’y avait pas d’attaques, dans les tranchées on attendait,
la journée de solitude était ponctuée par l’heure du café, l’heure des
nettoyages, l’heure de l’inspections... et l’on mangeait et buvait, peut-être
pas bien, mais on mangeait et buvait, biens essentiels dont on a souvent privé
les prisonniers. Partis du Fort de Mons, les prisonniers portugais ont été
dispersés et envoyés par train ou à pied vers des camps en Allemagne : Minden,
Friedrichsfeld, Breesen, Münster et bien d’autres. On mangeait mal en
Allemagne, conséquence des efforts de guerre. Ce manger mal se répercutait
sur les soldats prisonniers. Beaucoup de récits de soldats portugais
emprisonnés en Allemagne citaient les ingrédients de la soupe journalière :
betterave, quelques pommes de terre encore avec la peau et parfois de la terre,
carottes à moitié pourries, farine et pas de graisses. Les Conventions
n’étaient pas respectées.
Les prisonniers Portugais se sont plaint du manque
d’assistance et du manque d’aide des autorités. Les prisonniers d’autres
nationalités étaient bien mieux approvisionnés. Des soldats français ont
partagé, par compassion, des provisions qui leurs arrivaient de France avec
leurs homologues portugais. Rares étaient les correspondances de familiers qui
arrivaient jusqu’aux prisonniers. Il y avait la distance, mais surtout la
censure.
Nous avons pu assister à une des réunions de l’Association
d’Histoire de Mons et ce dimanche 4 juin, nous avons parcouru, en partie, les
mètres que les soldats portugais ont sillonnés en entrant au Fort.
Fort qui ces dernières années a était très bien
restauré. En faisant ce parcours, nous avons essayé de nous imprégner par le
récit d’António da Fonseca Costa, nous avons essayé de remonter le temps, 99
ans en arrière. Impossible, évidemment, de revivre les mêmes sentiments que
ceux, de centaines, voir milliers de soldats portugais, qui ont été
regroupés pendant quelques jours dans ce Fort. Nous avons pensé à eux, nous
avons imaginé, oubliant parfois d’écouter le guide de la matinée.
Les visites se font gratuitement tous les premiers dimanches
du mois, entre 9h45 et 12h30.