Un Fort du système de défense Séré de Rivières

Construit en deux années seulement, de 1878 à 1880, le Fort de Mons-en-Barœul fait partie du système de défense élaboré par le général Séré de Rivières suite à la défaite de 1870. Devenu inutile suite à la mise au point de nouveaux explosifs 5 ans seulement après sa réalisation, il sera toutefois le siège d'unités de transmission, dont la plus étonnante sera celle d'une section colombophile avant de servir durant la guerre d'Indochine. Entre temps il aura connu des périodes d'occupation allemande à chacune des deux guerres mondiales, après avoir été déclassé 48 heures avant la déclaration de la première ! Resté intact, car non bétonné comme beaucoup d'autres fortifications, et magnifiquement remis en valeur avec un centre socio-culturel, c'est un exemple unique qui présente un intérêt architectural, historique et patrimonial exceptionnel.

Insularité

Progressivement le Fort de Mons-en-Barœul retrouve son insularité initiale, avec la disparition des deux ponts fixes, l'un au nord, l'autre au sud, qui franchissaient ses fossés.  

Seul subsistera le pont levis d'origine, avec l'adjonction d'un nouveau pont amovible.


Projet de pont amovible. Vues d'architecte.
Groupement des bureaux d'études Bérim et Bollinger + Grohmann et du cabinet d'architectes NTK

Première étape :
La suppression du pont nord

 Macdonald a perdu un pont

Un article d'Alain Cadet paru dans La Voix du Nord le lundi 31 octobre 2016

Le Fort de Mons, que l’on peut aussi appeler Macdonald suivant la terminologie Boulanger (le général qui était ministre de la guerre lors de la construction des forts), possédait deux ponts d’accès. Désormais il n’en garde plus qu’un.


En plein dans l’actualité de notre série en cours sur le fort Macdonald et les ouvrages Séré de Rivières, la Ville a procédé à la destruction du pont nord. A l’origine du bâtiment (1878 – 1880), ce pont n’existait pas. Il avait été construit, récemment, en dur, pour permettre l’accès aux engins du service des parcs et jardins de la Ville qui remisait une partie de son matériel dans ce vieux fort du Camp retranché lillois. Désormais, ce service des parcs et jardins ira « planter ses choux » dans des locaux plus modernes et plus adaptés.


La trace de l'accroche de l'ancien pont nord est visible sur la contre escarpe du fossé

Lorsque l’organisation du bâtiment, strictement militaire, visait à faire en sorte qu’il ne puisse être pris, son accès avait été volontairement limité, côté ouest, à un seul point. Cette entrée avait été équipée d’un système de pont-levis que l’on pouvait dresser en cas de siège. Le lieu était particulièrement bien défendu et « battu » par deux « casemates de flanquement ». Avec son fossé profond qui entourait complètement l’ensemble du bâtiment, il était particulièrement difficile pour l’armée d’invasion de s’emparer de la forteresse baroeuloise. L’honnêteté nous pousse cependant à mentionner qu’avec une construction établie à plus de 40 m au-dessus du niveau de la mer, il était économiquement inenvisageable de construire un système d’aqueduc pour mettre en eau le fossé du fort Macdonald. Mais, même sec, ce fossé défendu par ses caponnières constituait un obstacle redoutable.


C'est à cet emplacement qu'une passerelle amovible sera construite en lieu et place de l'ancien pont, afin de permettre le passage de certains engins qui ne peuvent emprunter le pont-levis.

Le fort Macdonald revient aujourd’hui à un état très proche de ce qu’il fut dans les années 1880. Il s’agit selon les termes entendus du côté de l’Hôtel de ville de « redonner son insularité au fort ! » Enfin presque, parce qu’il y a belle lurette que le pont ouest n’est plus mobile et qu’il a été remplacé par une structure fixe. Pour autant, ce pont modernisé avec sa porte revue et corrigée ne manque pas de charme et de cachet. C’est grâce à lui que, désormais, le visiteur pourra pénétrer dans cette île de verdure et d’histoire.

Deuxième étape :

La suppression du pont sud

 

Cette phase avec la destruction du pont sud est programmée pour la fin du mois de novembre 2022.



Troisième étape :

La construction d'une passerelle au nord


Une double page dans le journal municipal " Mons & Vous " n° 101, de janvier 2022, explique les motivations de redonner son insularité au Fort de Mons-en-Barœul.


Au fil des années, pour des raisons pratiques, des ponceaux sommaires avaient été aménagés au nord et au sud de l'ouvrage. Il s'agissait de structures de tôles arrondies formant tunnel recouvertes de matériaux solides permettant d'ouvrir des voies carrossables entre les deux rives du fossé. Ces constructions constituaient des ruptures anachroniques et peu qualitatives dans la perspective originelle des fossés. Par ailleurs, ces points de passage ouvraient donc les espaces intérieurs, certains fragiles, d’autres dangereux, à tout le monde et à toute heure du jour et de la nuit. A l'usage, les inconvénients (dégradations, caches, incivilités, activités illicites) se sont avérés bien supérieurs aux quelques avantages qu'ils présentaient. La municipalité a donc décidé d'en revenir à la fonction première de ces fossés et refaire du fort « une (presque-)île » avec des accès contrôlables. Les deux ponceaux ont donc été démontés (celui côté sud fin novembre).

 

Néanmoins, pour des raisons techniques (d'entretien, de travaux, de sécurité), il était indispensable de maintenir un accès carrossable pouvant évidemment être utilisé également par le public mais conçu dans un plus grand respect du site (son architecture, son environnement naturel) et surtout non permanent !

 

Un concours d'architectes a donc été lancé pour la conception et la réalisation d'une passerelle amovible côté nord. Celui-ci a été remporté par le groupement des bureaux d'études Bérim et Bollinger + Grohmann et du cabinet d'architectes NTK.


Le dessin de la passerelle se base sur des lignes courbes favorisant son intégration paysagère. La passerelle se compose de deux parties, l'une fixe côté promenade extérieure, l'autre basculante coté intérieur. La partie fixe formera un petit belvédère en surplomb du fossé offrant ainsi un point de vue sur l'enfilade de fossés. La partie mobile pourra se rabattre (vers le bas) contre le talus existant.



Le projet retenu comporte une partie à bascule et une autre fixe qui forme un belvédère. Comme pour le pont-levis d'origine, qui reste en place, il existe une partie dormante et une partie basculante qui est ici descendante et non levante.

Ce choix original permet de minimiser l'impact visuel de la passerelle une fois celle-ci abaissée. Ce choix présente aussi de nombreux intérêts techniques et de mise en œuvre. A ce stade, hors maîtrise d'œuvre, le coût des travaux est estimé à environ 400 000 €. Une fois cette passerelle installée, le fort retrouvera sa sérénité ce qui permettra d'envisager d'y développer de nouvelles activités, notamment dans des espaces aujourd'hui inexploités.


Signalons également que cette passerelle s'inscrit dans un programme bien plus large et conséquent de modernisation des équipements qui y sont hébergés et de restauration de structures qui avec l'âge, ont pu se dégrader.


Les projets non retenus du concours de 2021


Il s'agissait de créer une passerelle mobile et carrossable, avec un franchissement de 14 mètres, au dessus des fossés (certains projets utilisent le terme totalement inapproprié de douves !)


Un des projets non retenu conçu par Modulo Nord et Acogec, avec une passerelle pivotante.


Un autre projet non retenu, celui d'un collectif d'architectes Jinkau avec Citymix, qui prévoyait un système à pont basculant levant.