Un Fort du système de défense Séré de Rivières

Construit en deux années seulement, de 1878 à 1880, le Fort de Mons-en-Barœul fait partie du système de défense élaboré par le général Séré de Rivières suite à la défaite de 1870. Devenu inutile suite à la mise au point de nouveaux explosifs 5 ans seulement après sa réalisation, il sera toutefois le siège d'unités de transmission, dont la plus étonnante sera celle d'une section colombophile avant de servir durant la guerre d'Indochine. Entre temps il aura connu des périodes d'occupation allemande à chacune des deux guerres mondiales, après avoir été déclassé 48 heures avant la déclaration de la première ! Resté intact, car non bétonné comme beaucoup d'autres fortifications, et magnifiquement remis en valeur avec un centre socio-culturel, c'est un exemple unique qui présente un intérêt architectural, historique et patrimonial exceptionnel.

Les 3 projets de rénovation

C’est en 1977 qu’avait été décidé l’aménagement du Fort Macdonald de Mons-en-Barœul.


Un concours d’architecte avait été lancé et c’est le jeudi 14 février 1980 que le conseil municipal se prononça entre les projets de 3 architectes Christiaens, Seghers et David.


Le projet de Gérard David fut retenu, par chance car c'est celui qui respectait le mieux le patrimoine architectural militaire.


Le projet de Christiaens

 

L’originalité de cette étude reposait sur l’utilisation de la cour centrale en espace polyvalent grâce a la couverture de la cour par un double vitrage dont les abords auraient été protégés par des grillages. Cette solution permettait d’accroître les surfaces des salles d’activité selon les besoins mais posait le problème de l’entretien du chauffage, de la ventilation des salles et de la protection contre le vandalisme.




L’accès du sous-sol sous le pont-levis était prévu par un escalier de descente dans les fossés côté rue de Normandie et répondait ainsi aux soucis de rendre ces salles directement accessibles aux associations.



L’équipement de la bibliothèque se répartissait sur deux salles du rez-de-chaussée du deuxième bâtiment donnant sur la cour intérieure, et sur toutes les salles de l’étage. L’étage servait de réserve, d’un atelier de restauration et de reliure, et de deux bureaux pour la bibliothèque.


Le local d’animation-spectacle se réduisait à deux salles de 60 m2, M. Christiaens ayant placé l’infirmerie et le bureau d’accueil dans les deux salles de 40 m2 qui pouvaient être affectée aussi en café-théâtre. Les autres salles avaient une désignation mais pouvaient rester polyvalentes.


Les deux logements de fonction se situaient à peu près sur l’emplacement de l’actuelle petite maisonnette.


Le coût du projet était de 8 380 000 francs.


Le projet de Seghers




On retrouve dans la légende la confusion entre les douves et les fossés


La cour centrale est occupée par deux patios

Cet architecte tenait compte de toutes les indications données : La bibliothèque, les ateliers, les salles polyvalentes, le foyer bar, les locaux associatifs trouvaient place. Cependant les bureaux du Directeur du Fort, ainsi que du Directeur du Centre Aéré, ne se situaient pas comme prévu initialement dans les deux pièces situées de part et d’autre de la cour intérieure.


Une galerie centrale coupait la cour en deux parties et assurait la liaison entre les deux bâtiments conduisant tout naturellement les personnes vers la salle d’exposition, mais créait un passage obligé vers les autres pôles d’activité du 2ème bâtiment.


M. Seghers n’utilisait que 2 grandes salles du 1er étage pour la réserve de la bibliothèque, et proposait donc d’affecter les 4 restantes à des ateliers ou salles de travaux manuels variés. L’idée était séduisante mais risquait du fait de leur situation à l’étage, de poser quelques problèmes au Centre Aéré. La Poterie trouvait place dans la salle souterraine situé à gauche du 2ème bâtiment.


L’accès aux douves (ndlr = fossés) et aux locaux pour les associations était prévue par une voirie encaissée, empiétant sur le glacis du Fort, ouverte aux voitures. Cette solution entraînait une circulation des cycles et automobiles dans les douves (= fossés) en faisant perdre leur caractère de promenade.


Les logements de fonction étaient satisfaisant en étant implantés en façade rue de Normandie sur la pelouse au-delà de la grille d’entrée actuelle.


Le coût du projet était de 9 550 000 francs.



Le projet de David

L’architecte avait privilégié les espaces de rencontre, et tirait un parti très intéressant de l’architecture des salles. En effet, il élargissait les passages existant dans les cloisons de séparation des salles, et intégrait fort heureusement le couloir dans sa conception du café-théâtre, utilisant ainsi au mieux les surfaces des 4 salles. Il se servait des ouvertures au premier étage pour réunir les services administratifs de la bibliothèque au centre, et réservait de grandes salles (100 m2) pour l’Heure du Conte, la lecture, les expositions, un lieu de détente. La salle souterraine située à gauche du 2ème bâtiment était aménagée en salle d’audition, avec possibilité d’accès totalement indépendant, ce qui pouvait en faciliter le prêt à divers groupes de musiciens. A droite de ce 2ème bâtiment, au-delà de l’emplacement de la chaufferie, il plaçait l’infirmerie.



Les réserves de livres de la Bibliothèque étaient situées au rez-de-chaussée, ce qui avait pour résultat de donner une façade morte sur la cour, puisqu’il condamnait les entrées presque complètement par des murs de briques ne laissant qu’un petit espace vitré dans le haut eu au milieu.


L’accès aux locaux des associations était prévu par un escalier aménagé au niveau du pont-levis.


Les deux logements de fonction étaient très vastes.


Le coût du projet était de 9 265 000 francs.



Extraits de bulletins municipaux Mons Information et d'articles de presse 
© Eugénies / Archives du Monde du Travail de Roubaix (fonds Gérard David)


Nord-Eclair annonce que ce sera " Fort David " !

Le Conseil l'a décidé jeudi soir : Ce sera le " Fort David " !


Pronostic vérifié ! Des trois projets d’architecte présentés lors du concours lancé par la municipalité pour l’aménagement du Fort Mc Donald, c’est celui de M. Gérard David qui a été retenu par le conseil municipal jeudi soir, les élus monsois suivant en cela l’avis de leur maire, M. Marc Wolf, et de la commission constituée à cet effet. C’est bien ce que nous laissions entendre dimanche …


Trois projets épinglés au mur de la salle de délibération pour décor : le conseil municipal, sitôt après avoir respecté une minute de silence à la mémoire de M. Marcel Derieppe, récemment décédé, se penche une fois de plus – la dernière – sur les plans proposés par les architectes qui participent à ce concours lancé par la ville et orchestré par M. Duflos, architecte de la ville de Lille.


Au micro, M. Jean-Pierre Carpentier rappelle le programme imposé aux trois hommes de l’art et expose pour le conseil et le public la façon dont chacun d’entre eux y a répondu, avec plus ou moins d’originalité.

 

« Le programme imposé, rappelle M. Carpentier, a été établi en fonction des besoins exprimés par la population et notamment par les associations monsoises ainsi que certaines volontés de la municipalité notamment d’y voir installés à demeure une bonne partie de la future bibliothèque municipale, des lieux de réunions pour les associations, les activités de centres aérés et un lieu de détente de type brasserie … »


D’emblée a été extrait du projet initial l’aménagement de la salle des fêtes du Fort qui fera l’objet d’une démarche ultérieure et d’un financement spécifique. Le programme comprend également la réalisation de deux logements de fonction. Dans notre édition de dimanche, nous avons exposé plus longuement les projets des trois architectes en concours, MM. David, Christiaens et Seghers.

 

Trois projets

 

Passant de l’un à l’autre des projets M. Carpentier développe l’idée générale qui a guidé chacun de ses auteurs et compare les originalités de l’un ou de l’autre.

Globalement les trois projets répondent aux critères souhaités mais ne s’expriment pas de la même façon sur le plan des détails ni même financièrement.


Ainsi le projet Seghers prévoit un accès voiture, le projet Christiaens, sans doute le plus original, recouvre la cour intérieure d’une véranda qui permet de l’adapter en local polyvalent pour l’animation et le projet David conçoit la brasserie avec un espace scénique qui ne manque pas d’intérêt pour l’animation.

 

Les projets varient de l’un à l’autre sur l’emplacement du local pour les musiciens, du bureau du directeur ou des animateurs ou encore dispose la salle de lecture de la bibliothèque à l’étage ou au rez-de-chaussée.


Parlons chiffres : le coût de l’aménagement du Fort de Mons devrait se situer aux alentours de huit millions de francs actuels. Le projet Seghers monte à 8.757.000 F, le projet Christiaens à 7.840.000 F et le projet David à 7.793.000 F.


Et la subvention

 

Lors de la suspension de séance, le public, une trentaine de personnes, n’est finalement pas aussi bavard que d’aucuns auraient pu le souhaiter. Il est vrai que les Monsois ont eu largement le temps de s’exprimer sur leurs intentions et qu’au stade de l’avant-projet la lecture d’un plan est toujours une tâche quelque peu rébarbative.


M. Seghers, l’un des trois architectes, est cependant présent et répond à certaines critiques formules dans le dernier numéro de « Mons Information » précisant à propos notamment de l’emplacement du bureau directorial qu’il semble correspondre à ce que la municipalité avait exprimé dans un précédent bulletin municipal.

 

Un autre intervenant s’étonne que l’on ait placé la salle de lecture de la bibliothèque en rez-de-chaussée où l’insuffisance d’éclairage ne favorisera pas les conditions de lecture. Le même intervenant indique qu’il lui semble peu probable que les trois projets répondent aux normes de la « lecture publique » et qu’en ce cas, il lui paraît assez malencontreux de s’écarter de la possibilité d’être subventionnée pour cette réalisation. Mme Françoise Julien, conseiller et M. Wolf précisent à ce propos qu’ils se sont effectivement inquiétés de cette éventuelle participation financière, dont les conditions leur paraissent à la fois aléatoires et floues tout en faisant perdre énormément de temps au projet. La municipalité a donc décidé de se passer de ces subventions qui ne sont qu’éventuelles. Par ailleurs, un animateur de théâtre dans la salle dit sa satisfaction devant l’aménagement de la brasserie tel que le présent le projet David.

 

Dessiner les grands axes pour demain


C’est plus globalement sur l’intérêt que peut présenter le Fort de Mons dans l’animation de la ville qu’intervient un autre monsois. Est-on bien sûr qu’une brasserie fera venir les habitants ? interroge-t-il. Ces logements de fonction si onéreux sont-ils bien nécessaires quand ils alourdissent à ce point le dossier ; les salles de réunions si petites répondront-elles aux besoins des associations ? Compte tenu de l’importance du projet et de sa répercussion sur l’impôt local, ne faut-il pas approfondir plus encore la réflexion, et ne se fait-on pas d’illusions en définissant sur des salles des activités qui ne recouvrent pas grand-chose à l’heure actuelle ? Telles sont en substance les questions posées.


Pour Mme Jacqueline Osselin, premier adjoint, il est clair « qu’on ne peut dire dès maintenant ce que sera l’animation avec le Fort. Tout au plus, peut-on en dessiner aujourd’hui les grands axes et les intentions. C’est ce qui est fait avec l’affectation de la bibliothèque de salles de réunions, d’exposition, l’installation à demeure de centres aérés, etc. L’on y envisage une occupation quotidienne au maximum avec des fréquentes utilisations par des associations, les scolaires, les centres de vacances. En fait, ce que représente le Fort, c’est la perspective de pouvoir répondre aux besoins qui ont été exprimés à la fois par les jeunes et par les aînés, une réponse à ce trop célèbre constat : « à Mons, on s’ennuie ».


Une charge fiscale raisonnable

 

M. Michel Douliez, adjoint (P.C.), rappelle pour sa part que son groupe n’était pas favorable à l’implantation de la bibliothèque au Fort Mc Donald, convenu selon lui « dans la fougue de la campagne électorale ». Une décision politique en a décidé autrement et le groupe communiste s’y soumet démocratiquement. « Le projet global d’animation a-t-il été suffisamment pensé ? ». C’est une question à laquelle il paraît difficile de répondre et qui incite l’adjoint à en formuler une autre « peut-on se poser aujourd’hui ce type de question, compte tenu de tout ce que nous vivons, des conditions de vie, d’existence ». Il répond néanmoins : « le projet a été pensé en fonction des possibilités d’aujourd’hui, pas davantage … ».


Quant à la répercussion de cette réalisation sur l’impôt local, M. Douliez estime qu’elle sera raisonnable, étalée sur quinze ans, puisque la commune n’est pas pour l’heure étranglée à ce point par les emprunts. Il conçoit toutefois qu’il est nécessaire de revoir la disposition de la bibliothèque sur deux étages et de placer à l’étage la salle de lecture, au rez-de-chaussée l’accueil. Et c’est M. Wolf, maire, qui apporte la conclusion à ce débat qui, somme toute, reste un peu court.


Le maire rappelle le choix de départ : ou raser le fort ou en tirer le meilleur parti. Il n’hésite pas à dire que la présence de cet ouvrage militaire est pour la commune « une chance », un poumon vert dans la ville, mais aussi une contrainte à prendre en compte. La consultation des Monsois, de leurs associations, le débat de ce soir sont pour lui autant d’éléments qui permettent aux élus »de s’en tirer le plus raisonnablement possible ». Il confirme la nécessité d’y aménager des logements de fonction, ne serait-ce que pour « civiliser » davantage le fort et dissuader les vandales.


« Pas la danseuse de la municipalité »

 

Reprenant chacun des projets et l’avis de la commission, le maire considère le projet Christiaens comme le plus séduisant mais le juge insuffisamment réaliste, il obligerait également à interdire l’accès des mamelons, de crainte de voir la verrière éclater en mille morceaux. Le projet David lui semble le mieux fondé mais trop riche. « Le fort, dit-il, ne sera pas la danseuse de la municipalité et il convient d’éliminer un certain nombre de matériaux trop onéreux inscrits dans ce projet ».


Quant au projet Seghers, s’il lui semble le plus fidèle au programme, il lui paraît cependant négliger un aspect fondamental : la polyvalence de cet équipement qui doit également accueillir les centres aérés.

 

La commission recommande donc le projet David avec d’amples modifications. Et le conseil municipal suit cet avis à l’unanimité. Enfin, M. Wolf précise : si tout va bien, nous lancerons les adjudications au printemps, les travaux commenceront par les logements début 1981 et on peut espérer si tout se passe bien voir l’ouverture du fort en été 1983 « avec la municipalité actuelle, ou nos successeurs », conclut le maire. P.P.