Un Fort du système de défense Séré de Rivières

Construit en deux années seulement, de 1878 à 1880, le Fort de Mons-en-Barœul fait partie du système de défense élaboré par le général Séré de Rivières suite à la défaite de 1870. Devenu inutile suite à la mise au point de nouveaux explosifs 5 ans seulement après sa réalisation, il sera toutefois le siège d'unités de transmission, dont la plus étonnante sera celle d'une section colombophile avant de servir durant la guerre d'Indochine. Entre temps il aura connu des périodes d'occupation allemande à chacune des deux guerres mondiales, après avoir été déclassé 48 heures avant la déclaration de la première ! Resté intact, car non bétonné comme beaucoup d'autres fortifications, et magnifiquement remis en valeur avec un centre socio-culturel, c'est un exemple unique qui présente un intérêt architectural, historique et patrimonial exceptionnel.

Pourquoi un Fort à Mons ?

La défaite de 1870, fait perdre à la France l'Alsace et la Lorraine la privant ainsi de ses défenses face à l'ennemi allemand. Tout le système défensif de la France est à repenser. Malgré la fragilité des grandes places fortifiées durant la guerre, l'option stratégique adoptée est celle d'un rideau défensif fortifié. Cette option va de pair avec la faiblesse de effectifs militaires d'après guerre.
Sous la direction du général Séré de Rivières, une ligne de fortification est envisagée le long de ces nouvelles frontières. Le 17 juillet 1874, une loi cadre est votée et alloue 88 millions de francs à la construction du système de défense " Séré de Rivières "
Le principe de cette ligne de fortification doit empêcher toute intrusion ennemie, faciliter la mobilisation de l'Armée française et servir de base arrière pour une éventuelle reconquête des territoires perdus en 1870. Le système prévoit la création de quatre camps retranchés : Belfort, Toul, Épinal et Verdun. Ces Camps sont reliés entre eux par des forts de liaison capables de se protéger les uns les autres par le feu de leurs canons. Certaines villes auront une couronne de forts en protection, c'est le cas de Lille, qui sera ceinturé par 6 forts (dont le fort de Mons-en-Barœul), 13 ouvrages intermédiaires et 2 batteries.

Combinant la puissance de feu des ouvrages et l'exploitation des accidents de relief, le front de l'est devait devenir impénétrable. L'apparition en 1885 de nouvelles poudres brisantes remettra en cause le les fortifications " Séré de Rivières ".
La crise de " L'obus torpille " imposera la modernisation des ouvrages en maçonnerie par l'adjonction d'une couche de blindage en béton, ce que ne connaîtra pas le fort de Mons-en-Barœul, car il ne faisait pas partie de la zone frontalière prioritaire.

Beaucoup de forts ne furent donc pas modernisés faute de moyens financiers. A la veille de la grande guerre, l'Armée française supprime des ouvrages les éléments devenus désuets sans les remplacer. De même la défense de la frontière nord est négligée, la France s'en remet à son voisin belge pour assurer cette mission. Le Fort de Mons-en-Barœul est même déclassé le 1er août 1914 ! Il devait être démantelé ... On connaît la suite, la guerre le sauvera de la destruction !