Un Fort du système de défense Séré de Rivières

Construit en deux années seulement, de 1878 à 1880, le Fort de Mons-en-Barœul fait partie du système de défense élaboré par le général Séré de Rivières suite à la défaite de 1870. Devenu inutile suite à la mise au point de nouveaux explosifs 5 ans seulement après sa réalisation, il sera toutefois le siège d'unités de transmission, dont la plus étonnante sera celle d'une section colombophile avant de servir durant la guerre d'Indochine. Entre temps il aura connu des périodes d'occupation allemande à chacune des deux guerres mondiales, après avoir été déclassé 48 heures avant la déclaration de la première ! Resté intact, car non bétonné comme beaucoup d'autres fortifications, et magnifiquement remis en valeur avec un centre socio-culturel, c'est un exemple unique qui présente un intérêt architectural, historique et patrimonial exceptionnel.

Le fort de Mons il y a 100 ans


Cette vue prise par un militaire allemand, lors de la première guerre mondiale, montre le fossé sud-ouest du fort Macdonald de Mons-en-Barœul. La photo a été prise depuis la contrescarpe au niveau du saillant 4. Les deux lignées d'arbres n'existent plus, à l'inverse le sommet du fort est dégagé de toute végétation. On remarque dans le fond du fossé les deux lignes de drainage, de part et d'autre. Au fond, on distingue parfaitement dans l'alignement du fossé, derrière la partie fixe du pont (le pont dormant), la batterie de flanquement qui protège ce fossé (entourée d'un rectangle rouge sur la photo ci-dessous). Les canons prennent en enfilade la défense de cette zone en tir croisé avec les canons opposés. La passerelle du pont levis marque de son ombre la façade de la caserne de gorge. Au bas de celle-ci et sous le pont, on remarque bien la petite poterne d'accès au fossé. La portée de l'ombre montre bien que la vue, comme les autres ci-dessous, a été prise l'après midi.
Cette partie droite du Fort correspond à l'arrière des constructions de la cour sud, soit actuellement les locaux associatifs (Heure exquise, Association Fondus d'Images et autres).
Le talus est dit "à terre coulante". En effet, il ne possède pas de maçonnerie ni de murs avec des arcs de décharge comme on le voit en vis à vis, et le bas de celui-ci est protégé au niveau du fossé par une lourde grille qui le ceinture (flèche bleue sur la photo ci-dessous). Le rideau d'arbres assez imposant n'était pas gênant en soi. Il est situé à l'ouest du Fort et il n'y avait pas de banquettes de tirs à cet endroit et orientées dans cette direction.

Collection privée © Reproduction non autorisée.


Le détail cerclé en jaune, sur la photo ci-dessus, correspond à la muraille de la porte du ravelin, que l'on retrouve sur le plan ci-dessous avec le petit cercle rouge.
On sait en effet qu'à cette époque le ravelin devait exister. La voie d'accès au Fort, qui le traversait, était elle-même fermée à ce niveau par une grille et il y avait donc à cet endroit une maçonnerie conséquente. On peut s'en faire une idée en observant ce qui subsiste d'un ravelin identique au Fort de Seclin (cf. la photo ci-dessus en haut à droite). Il se pourrait fort bien que cette entrée ait été assez ouvragée dans la continuité et l'esprit du style architectural de l'entrée du Fort, et que les deux pilastres qui l'encadraient, aient été également surmontés d'une petite pyramide de boulets à l'instar de celles qui ornent le fronton de l'entrée principale de la caserne. Cela pourrait expliquer une certaine proéminence pas très nette au dessus du talus, laissant le doute quant à la présence d'un bâtiment plus important à cet endroit. Sur l'extrait du plan original ci-dessous, on peut mieux comprendre et vérifier cette hypothèse.



1. Endroit sur la contrescarpe d'où a été prise la photo, la flèche montre que la direction mène directement sur les batterie de flanquement
2. Le ravelin avec une grille de protection, constitue un obstacle supplémentaire protégeant l'entrée du fort. Le chemin d'accès n'est jamais dans l'axe pour le même motif.
3. La batterie de flanquement nord avec ses canons protégeant le fossé sud-ouest. Une autre batterie de flanquement sud tire dans l'enfilade du fossé nord-ouest en tir croisé.


Ci-dessus trois vues du ravelin du Fort de Seclin qui permet d'imaginer la même disposition au Fort de Mons-en-Barœul qui a été détruite. 


A gauche, la vue est prise depuis la caserne de gorge, à l'intérieur du Fort, on remarque le pont entre les deux. On constate bien que l'entrée est désaxée par rapport au pont-levis. Au centre, la partie droite du ravelin, vue prise vers la sortie. A droite, le ravelin dans l'autre sens, on distingue les zones de fixation de la grille. 


Ci-dessus un agrandissement de la zone centrale de cette photographie après nettoyage des grains argentiques parasites, qui permet de mieux apprécier certains détails, comme la barrière du fond du fossé près de la poterne sous le pont, les caniveaux en briques, les pyramides de boulets sur les pilastres du fronton, les verrières des puits de lumière et d'aération et le poste de garde au niveau du ravelin.